Contemplation du monde: Application des Sens

Dieu construit le monde à travers nos mains

Ces dernières semaines (Lundi 25 Août 2014. 18h30), il me vient à l’esprit de nombreuses pensées qui tournent autour de la construction, du bâtiment, du matériau, de la matière et de l’architecture. Je me propose donc de les examiner afin d’en tirer profit.

Dans le premier chapitre de la Genèse, il est décrit avec beaucoup de détails le processus de création du monde par Dieu. En lisant le texte on peut se rendre compte sans trop de réflexion qu’il y a une transition assez claire de l’invisible au visible, de l’obscurité à la lumière, du néant à l’être vivant. A chaque moment clef de la création il y a une phrase qui, à mon sens, révèle quelque chose qui mérite d’être approfondie : « Dieu vit que cela était bon ». Mon examen consiste donc à entrer dans ce regard de Dieu qui voit, qui goûte et qui juge bon toutes ses œuvres. Ce que Dieu voit porte en son essence une valeur, une saveur, une réalité qui ne transparaît pas directement à la vue ordinaire. Il me vient, en regardant ce qui m’entoure, comme une intuition forte de quelque chose de grand et de précieux capable de changer ma vision du monde et de Dieu.

Le Récit de la Création du monde et des êtres est marqué par le temps. Il y a une progression dans le changement, une évolution dans le temps. Après l’apparition de la lumière, de nombreuses formes, espèces différentes voient le jour. Une transformation radicale s’opère et commence un long et lent processus (plus de 5 milliards d’années) dans lequel il nous est donné la possibilité de participer. Nous somme témoin et acteur de la Création de l’Univers, un univers plus vieux que nous et qui nous dépasse. L’intelligence scientifique que nous possédons nous permet aujourd’hui de comprendre que la Création du monde telle que décrite dans la Genèse ne s’est pas faite de manière instantanée, mais plutôt dans le temps. L’illustre Teilhard de Chardin fut l’un des premiers religieux scientifique à avoir cette intuition.

Je regarde le monde et je vois des êtres vivants et inertes, des plantes, des animaux, des minéraux et des hommes. Je vois des animaux et des plantes qui se nourrissent pour vivre. Je vois des hommes et des femmes qui vont et viennent, qui travaillent et construisent. Je vois les œuvres et réalisations des hommes et des animaux. Dans ce que je vois il y a de l’agréable et du désagréable. Mais pour la plus part, ce sont de toutes des choses belles à la vue et au regard.

Je peux aussi sentir. Je sens les odeurs et parfums qui se dégagent des plantes, de la verdure, de la nature. Je perçois les odeurs dégagées par les œuvres des êtres humains (industrie cosmétique, automobile et autre). Tout cela est transporté par un mouvement d’air que nous appelons « Vent ». Ces odeurs agréables me font du bien, elles m’apaisent, produisent de la joie en moi, la tranquillité.

Parmi ce qui m’entoure, je peux gouter. Comme tous les autres êtres vivants, je m’alimente pour vivre. C’est la fonction de base nécessaire à la survie. Toutefois, cette nourriture à un goût, une saveur que je ne saurai nier. Les fruits, les végétaux, les racines, les animaux que je mange contribuent à ma croissance. Ils disparaissent pour que je croisse. Pendant ma vie et à ma mort, tout ce que je rejette de mon corps nourrit à son tour la terre et alimente les plantes et les animaux. Nous nous alimentons des uns et des autres. C’est un cycle parfait qui permet l’évolution dans le temps de toutes les espèces. Certaines disparaissent et d’autres voient le jour. Je goute et je mange car nous avons tous une saveur agréable.

Je touche. Oui, je touche ce qui m’entoure : solides, liquides et parfois gaz. Je m’étonne et je m’émerveille devant cette diversité des états de la matière. Le même objet peut être liquide, solide ou gazeux. Je me rends compte que j’ai la capacité de modifier les états de la matière par mes mains. Je modifie la température ou la pression, alors j’obtiens autre chose, quelque chose de différent, de nouveau, de particulier. Par mes mains je peux donner une forme, je peux détruire et construire, je peux bâtir. Les grandes villes de ce monde, l’architecture qui fait l’objet de notre admiration, témoignent de cette force constructrice et destructrice que nous possédons en nous. Je me rends compte de la puissance que j’ai dans les bras. Aujourd’hui il nous semble normal de voir un avion voler, un engin spatiale graviter autour de la terre, de téléphone et entendre la voix et voir l’image de quelqu’un qui se trouve à des milliers de kilomètres et ceci en temps réel ! Il nous semble normal de voir des athlètes nager pendant plus de deux heures sur une dizaine de kilomètre en mer. Avec l’intelligence scientifique on est même capable de créer de nouveaux virus, bactéries, de nouveaux médicaments aussi spécifique et précis que possible. On s’achemine vers un perfectionnement de l’Art scientifique. Par nos mains, on peut accélérer ou retarder la vie dans son développement. Je m’étonne et je m’émerveille de ce que je peux toucher de prêt ou de loin. Dieu a partagé avec nous un trésor inestimable : la Science et la Technique.

La capacité d’écoute est une autre faculté qui me permet de percevoir mon environnement. Il y a une grande diversité de sons et de bruits. Les généticiens nous font observer que l’homme a perdu avec le temps sa capacité d’écoute. Ceci en comparaison avec la plus part des animaux (Chiens, chats, chauvesouris, …). Avec le faible pourcentage de notre perception sonore, nous pouvons apprécier une bonne musique, le chant des oiseaux, le langage des animaux et le bruit du vent. Je peux écouter et percevoir, identifier et reconnaitre. L’écoute me met en contact avec le monde du vivant. Je me rends compte que je ne perçois qu’une certaine fréquence sonore devant toutes les possibilités qui existent. Ma limite me pousse à inventer un amplificateur de fréquence, alors je peux élargir et étendre ma capacité d’écoute et de perception du monde et de la réalité. Je maitrise le son.

Les connaissances actuelles de la science nous permettent de dire que nous possédons 5 sens. Mais je pense qu’il y en a d’autres que nous n’avons pas encore appris à connaitre afin de les développer. Il s’agit de l’intuition. Cette faculté qui se trouve en nous et qui s’exprime de diverse manière. Elle s’exprime d’avantage chez certain pendant le travail intellectuel et pendant le sommeil chez d’autre. Pour ma part, la prière a participé à la cette expérience contemplative du monde à travers de mes sens. C’est un exercice spirituel que Saint Ignace appel Application des Sens.

Pitti Djida Alain SJ

Retour à l'accueil