D’où est-ce que je viens? Pourquoi suis-je né? Où irais-je après ma mort? Ma vie a-t-elle un sens? Si oui, quel peut être le sens de ma vie sur terre? Si non, pourquoi suis-je encore vivant? Autant de questions auxquelles tout homme est appelé à poser un jour ou l’autre. L’ambiguïté de l’existence humaine nous met sans cesse devant des paradoxes. La naissance, la vie et la mort, le chaud et le froid, la souffrance et le bonheur, le bien et le mal, la peine et la joie, la paix et la guerre. Nous sommes tout le temps tiraillé par ce que nous voulons être et ce que la vie nous donne d’être. Nous acceptons et nous refusons en même temps le déroulement des évènements de notre vie. Nous savons que nous devons et nous allons tous mourir un jour, mais lorsque nous perdons un membre proche nous n’acceptons pas aussi facilement la réalité de sa disparition. Notre existence est construite sur des paradoxes.

                  Les paradoxes de la vie suscitent en nous un certain nombre de questions essentielles: La vie mérite t-elle d’être vécue? Pourquoi suis-je né dans ce monde qui nous offre joie et peine, bonheur et souffrance? D’autres personnes sont nées et sont déjà mortes, pourquoi est-ce que moi je suis encore en vie? Qu’ais-je fait pour rester encore en vie? Si une réponse me vient du fond du cœur alors je peux me poser cette autre question: Quel est le but de mon existence sur terre? En d’autres termes quelle est ma raison de vivre, le projet de vie dans lequel je suis embarqué? Toutes ces questions nous amènent à nous rendre compte que nous ne sommes pas sur terre par le simple fait du hasard. Notre vie n’est pas vide de sens. Il y a bel et bien en nous une motivation profonde qui nous pousse à nous accrocher à la vie. Dans cet essaie de réflexion sur la question du sens de la vie, nous nous proposons juste une tentative de clarification du concept de sens de la vie. Dans la même lignée, nous proposons un ensemble de questions ayant pour but de stimuler chez notre lecteur une réflexion personnelle dans les profondeurs de son intériorité.


               Selon la diversité d'approche de l'expression "Le sens de la vie", nous envisageons quatre manières de comprendre le mot sens.

 

                   Le sens renvoie d’abord au mot direction. Il s’agit d’une orientation vers un but, un objectif; un mouvement qui se déploie dans un direction précise: le sens des aiguilles d’une montre. Cette première assertion, voudrait-elle nous dire que la vie s’orienterait vers un but, une direction? Si oui, où est-ce que la vie nous conduit-elle? Est-ce vers le néant total ou alors vers une vie meilleure? Quelle pourrait-être le terme de la vie? Que fait alors devant cette finalité ou le terme de la vie?

                  Le sens renvoie ensuite à la signification. On parle généralement du sens en faisant allusion à la signification ou la portée. C’est le cas lorsque l’on recherche la signification d’un mot ou d’une phrase. On consulte le dictionnaire afin de cerner le sens des mots. Une fois la signification trouvée la signification d’un mot, il nous devient familier. Parler du sens comme signification voudrait-il nous suggérer que la vie à une signification? Si la vie de l’homme a une signification, quelle pourrait-être celle-ci? Pour que je devienne familier à la vie, ne vaudrait-il pas pour moi que je trouve la signification de ma vie sur terre?

                  Le sens renvoie aussi à la sensation. On parle généralement des cinq sens du corps (l’odorat, la vue, le touché, l’audition, le goût) et peut-être d’un sixième sens qu’est l’intuition. Le sens désigne ici la capacité de sentir et de jouir de la vie. Cette dernière affirmation, voudrait-elle dire que l’homme a la possibilité de profiter ou de tirer un certain plaisir de la vie? La vie peut-elle avoir une saveur agréable ou alors désagréable? Quel peut-être le goût de mon existence sur terre? (le goût sucré, l’amertume de la colère et de la haine, la frustration de l’échec ou du rejet de la société, la douceur et la présence des êtres chères, le plaisir de donner de tout son cœur, le goût de l’amour et la saveur du bonheur d’être aimé, ...).

                  Le sens traduit enfin la capacité de juger, la manière de jauger et d’apprécier la vie. Il s’agit d’une démarche réflexive. On emploie souvent l’expression «à mon sens» pour traduire une certaine appréciation personnelle des choses. On parle aussi d’un homme de bon sens ou au jugement sensé. C’est un homme qui serait doté d’une certaine sagesse. Cela voudrait-il dire que la vie l’on peut mesure, jauger, juger et apprécier la valeur de la vie? La vie a-t-elle en elle une sagesse? Si oui laquelle? Et toi, quelle est la valeur de ta vie? Quelle est la sagesse que tu perçois dans ta vie?

              Après toute cette élaboration et cette tentative pour cerner les contours du «sens de la vie», disons déjà qu’en réalité, la question du sens de la vie est fondamentalement liée à celle du sens du Bien. Un grand philosophe humaniste, que nous aimons bien, du nom d’Emmanuel Levinas dira dans son livre Totalité et Infini:

             «L’homme n’est-il pas l’étonnante possibilité - exception à  l’ordonnance de tous les modes d’être! - de céder sa place, de Da, de se sacrifier pour l’autre, de mourir pour l’étranger?».

 

Pitti Djida alain sj.

 

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